« Aux armes et caetera… »

Le sabre d’honneur du Général Valhubert

En 1791, si la Révolution entraîne la suppression des ordres royaux et militaires, l’Assemblée Nationale Constituante crée la Décoration militaire, survivance de l’ordre de Saint Louis en vertu de son caractère démocratique. En 1792, la Convention abolit la monarchie et supprime par décret du 15 octobre de cette même année la Décoration militaire, trop marquée de l’héritage d’un ordre de l’Ancien Régime. À sa suite, la constitution directoriale de l’an III (22 août 1795) déclare « que nul ne peut porter des marques distinctives qui rappellent des fonctions antérieurement exercées ou des services rendus ».

Néanmoins face aux conflits entre les armées révolutionnaires et les monarchies européennes regroupées en coalition et à la nécessité de motiver ses armées malmenées, le Directoire change sa vision et renoue avec la tradition d’honorer la valeur militaire. Le retour de l’octroi d’une arme personnelle de récompense se multiplie grâce à Bonaparte, Général en chef de l’Armée d’Italie et à la suite de la Paix de Campo Formio, le 2 septembre 1797, il décide de faire exécuter à Milan cent sabres destinés à récompenser cent héros de la campagne d’Italie. La distribution des armes d’honneur est ensuite instituée et codifiée par le Consulat par l’arrêté du 25 décembre 1799. Tout soldat se distinguant par des hauts faits d’armes pouvait ainsi espérer recevoir une arme d’honneur selon son corps d’appartenance, chaque composante de l’armée napoléonienne aura sa propre distinction et chaque titulaire nommé par arrêté du premier Consul, recevait un brevet signé de lui le jour de la remise de son arme au cours d’une cérémonie publique solennelle.

Ces armes d’honneur dédicacées par le Premier Consul étaient divisées en deux classes : les sabres d’honneur destinés aux officiers et aux soldats auteurs d’une action d’éclat ou d’un service d’une valeur extraordinaire ; les fusils et sabres-briquets pour les grenadiers et soldats, les mousquetons ou carabine pour les troupes à cheval, les baguettes pour les tambours…..

Le sabre du Commandant Valhubert présenté ici et visible sur le tableau de Jean-François Pierre Peyron La Mort du Général Valhubert » conservé au Musée témoigne de cet usage des armes d’honneur institué par Bonaparte.

Jean Marie Valhubert né le 22 octobre 1764 à Avranches et mort le 3 décembre 1805 à la suite de ses blessures reçues à la bataille d’Austerlitz, rejoint le 1er bataillon de volontaires de la Manche en 1791 où il se distinguera lors de la campagne de 1792 et 1793 avant d’être fait prisonnier lors du siège de Quesnoy par les troupes autrichiennes.

Sabre d’honneur du Général Valhubert (1764-1803).

Après son retour de captivité, il devient chef de brigade et participe à la campagne d’Italie où il se distingue plusieurs fois par son courage, comme dans la vallée de la Vispa où il se précipite dans les rangs autrichiens à la tête de 40 hommes et fait 230 prisonniers.

Une autre preuve de sa témérité : il s’élance avec son cheval et 50 soldats au milieu de 3000 Autrichiens, capture le commandant ennemi. On le retrouve encore à la bataille de Montebello où il résiste à toute la cavalerie autrichienne. Mais c’est à la bataille de Marengo qu’il gagne l’admiration du Premier Consul. Alors blessé d’une balle ennemie, il commande sa 28e demi-brigade, et se retrouve totalement encerclé et coupé du reste de l’armée. Formant le fameux Dernier carré, il subit tous les assauts des Autrichiens. Cet acte de bravoure lui vaut, le 30 décembre 1802, de la part du Premier Consul, ce sabre, accompagné d’une lettre :

« Citoyen Roger-Valhubert, Chef de brigade de la 28e de ligne, je vous envoie un Brevet d’honneur. Je n’oublierai jamais les services que la bonne et brave 28e a rendus à la Patrie. Je me souviendrai, dans toutes les circonstances, de votre conduite à Marengo. Blessé, vous voulûtes vaincre ou mourir sous mes yeux ». Signé Bonaparte.

Nommé général en 1803, Il prend part à la bataille d’Austerlitz. Subissant la puissante artillerie russe, il est touché par un éclat d’obus et mortellement blessé. La scène sera immortalisée par le peintre Jean-François Pierre Peyron en 1808 où il est représenté le sabre de récompense à la main. Ses dernières paroles seront pour l’empereur « Allez à l’Empereur ; dites-lui que, dans une heure, je serai mort. J’aurais voulu faire davantage… Je lui recommande ma famille… ».

Pertuisanes d’apparat

Le secret des pertuisanes

La pertuisane fait partie de la grande famille des hallebardes. Son utilisation d’abord militaire apparaît en France au début du XVe siècle comme arme d’infanterie. Avec le temps et le changement de tactique militaire la pertuisane devient une arme de commandement. L’officier s’en sert pour rectifier l’alignement de la ligne d’infanterie sur le champ de bataille. À la fin du XVIe siècle elle devient un insigne de fonctions. Sous le règne de Louis XIV, le roi donnait de sa propre main les pertuisanes aux colonels à la tête des régiments et à aux soldats d’élite. Lorsqu’elle entra en décadence en tant qu’arme de guerre, elle devint l’arme d’apparat de toutes les gardes de la cour les plus proches du Roi, arborant armoiries et emblèmes (garde du corps, garde écossaise, garde des mousquetaires…). Toutes les cours d’Europe imitèrent alors Versailles. Aujourd’hui encore nous retrouvons les pertuisanes dans la garde suisse du Vatican.

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